A propos de "L'invention du désir" sur le blog Sophielit

(…) Avec une retenue, une pudeur qui n’empêchent pas la sensualité ni la passion qui se déverse brutalement, Carole Zalberg tisse les fils d’une histoire du XXIème siècle qui se place hors du temps. La prose est fraîche et poétique, distinguée, douce. Les mots sont mis sur des sensations, des émotions qu’on pensait impossibles à transcrire dans un texte. Et qui ne les dénaturent pas pour autant, au contraire. (…)

Article à lire .

A propos de "L'invention du désir"

Sur l’excellent blog Paris-ci la Culture et sur le non moins excellent Boojum

« « Ce sont elles qui ont décidé. Nos mains ». Voici l’incipit de L’invention du désir, de Carole Zalberg, qui sort aux Editions du Chemin de fer, illustré par Frédéric Poincelet. Au début, un homme et une femme sont dans un taxi. On ne sait pas bien s’ils ne se connaissaient pas du tout, ou s’ils s’étaient déjà rencontrés avant. Peu à peu, on découvre que ça n’a aucune espèce d’importance au regard de leur attrait mutuel, car la puissance des sentiments évoqués est telle qu’on se sent happé par les phrases, par l’histoire qu’elles véhiculent. Sous nos yeux avides d’en apprendre davantage chacun convoite l’espace vital de l’autre, corps y compris, dans un élan de désir, un élan de confrontation des corps. Chacun souhaite rencontrer l’autre au plus près, fusionner les peaux et les regards. « 

La suite là : sur Boojum ou là :sur le blog Paris-ci la culture.

A propos d'Et qu'on m'emporte dans Info du sud

Histoires de « mauvaises mères »

par Anne Delestre | Info du sud |

Incantation lucide d’une femme à l’agonie qui s’adresse au fantôme de sa fille qu’elle n’a pas su aimer, « Et qu’on m’emporte » est le second volet de « La trilogie des tombeaux ». Un roman sombre et obsédant.

Il y a la mort qui rode et une femme couchée sur son lit d’agonie qui parle à un fantôme. Second volet d’une trilogie dédiée au désamour maternel (« La Trilogie des Tombeaux »), « Et qu’on m’emporte » remonte dans le temps et donne la parole à Emma, la grand-mère de Fleur. Fleur, c’était l’héroïne impuissante de « La mère horizontale », premier pan de la trilogie. Elle y évoquait sa mère, Sabine, celle dont elle ne gardait que des « souvenirs horizontaux » : « Je n’ai  de ma mère que des souvenirs horizontaux. Je ne vois guère ma mère autrement que couchée, étendue, jetée à terre. Je ne me la rappelle qu’échouée. »

C’est à Sabine qu’Emma s’adresse avant de mourir. Sabine, sa fille morte avant elle, celle qu’elle a délibérément exilée de son cœur. Une incantation lucide et sans pathos qui s’élève du roman de Carole Zalberg comme une mélopée obsédante.

« Je me tairai  bientôt, moi aussi, avec mes secrets de soleil et de tumeur mêlés, mais ça n’échangera pas ma vie contre la tienne. Je te parle, je te parle ». Emma ne cherche pas à justifier son refus d’amour mais à l’expliquer. Alors elle « fouille » le passé, « brasse » les éléments de sa vie qui l’ont amenée à choisir un homme « contre ses premiers enfants ». Thibault, Caroline et Sabine. Ceux qu’elle a eus avec Max, qu’elle a « laissés en plan sans y réfléchir à deux fois » parce qu’ils n’étaient que du « lest à lâcher pour aller plus haut ». Pas la fibre maternelle Emma ? « Je n’ai pas eu le temps d’aimer vraiment mes premiers-nés. Ils m’ont tout de suite encombrée. C’est terrible à dire mais je les ai faits comme une poule des œufs. Pas concernée plus que ça. N’attendant que le moment où ils iraient voler ailleurs ». Et au final, elle est partie avant eux, les abandonnant à leur père au profit de Rolland, le nouveau venu dans sa vie.

Il faut dire que la grande Histoire a aussi sa part de responsabilité. Emma a 31 ans en 1968. Sa soif de plaisir ne supporte aucune entrave. Surtout pas celle d’un enfant. Alors elle préfère les repousser. Tous. Sabine. Thibault, le « pisseux, merdeux ou morveux ». Caroline, « cette pauvre grosse fille  ». Tous sauf Tom, le dernier né, issu de sa relation avec Rolland. « J’en ai fait mon œuvre et ma mission, de cet enfant. Un monument dédié à cette Terre promise où je tournais maintenant en rond, le monde de Rolland, mon monde à présent ».

Seule chose qu’elle ne pouvait prévoir c’est qu’à l’heure de sa mort, le souvenir de sa première fille, Sabine, allait lui revenir en pleine face, dans sa « chair  » et dans ses « moindres pensées »…

Le roman de Carole Zalberg a cette puissance qu’ont les chants sombres et tristes qui touchent au cœur de l’humain. Il rappelle avec subtilité que l’amour maternel, derrière l’hypocrisie sociale, n’est pas une donnée absolue. Pas plus que l’instinct maternel. Le monologue d’Emma en fournit la preuve avec une justesse de ton qui démontre le talent de son auteur.

Carole Zalberg dit souffrir d’un « complexe d’usurpation » quand elle décline son statut d’écrivain. « Et qu’on m’emporte » est la preuve magistrale du contraire.

Publié sur Info du sud, le « cyberjournal du Languedoc-Roussillon, le 30 août 2009.

Et qu'on m'emporte dans Lepetitjournal.com

Et qu’on m’emporte par Betty Ruby, dans le journal des Français à l’étranger.
C’est :

ROMAN – Trois auteures pour un long week-end

Écrit par Betty Ruby

Pendant que les enfants décoreront les œufs, les planqueront et les chercheront, voilà de quoi passer un formidable week-end de lectures. Laissez Carole Zalberg, Sefi Atta et Valérie Saubade vous entraîner dans leurs desseins familiaux ! Vous en sortirez plus armé…

L’an dernier déjà, Carole Zalberg nous avait bluffé avec sa Mère horizontale.

Dans Et qu’on m’emporte elle puise de nouveau dans les ressorts de la maternité pour observer combien l’amour conjugal peut être au moins de la même puissance que le sentiment maternel. Voire plus fort. Au crépuscule de sa vie, la narratrice revisite la manière dont pour l’amour d’un homme elle a « renoncé à ses premiers enfants ».

Il est donc question de maladie, d’abandon –dans tous les sens du terme, et des traces qu’on laisse ou qui s’effacent. De petits cailloux en questionnements libérateurs, Carole Zalberg mesure le poids des représentations sociales sur les destins féminins.

Il est aussi question de parcours de femmes chez la Nigériane Sefi Atta. Dans Le meilleur reste à venir le titre n’est pas l’unique bonheur, loin de là…

Tout, de l’histoire imbriquée de deux fillettes que le hasard du voisinage a rendu amies, à leur accomplissement adulte, en passant par la confrontation entre la marche de l’Afrique et la tradition anglaise, tout offre un vrai plaisir de lecture doublé d’une réelle vision politique.

Entre le cheminement initiatique de ses deux héroïnes et leur posture identitaire, Sefi Atta sait raconter des histoires auxquelles elle donne un positionnement idéologique finement construit. En attendant la venue d’un meilleur possible, ce premier roman est un must à savourer en prenant le temps.

Un temps qui s’est arrêté le jour où Vincent, un type plus qu’honorable -il dirige un institut de langues, a écrasé son ex-femme avec son nouveau 4X4. L’enquête qui ne semble pas vouloir croire à la banalité d’un accident de boite automatique permet à ce citoyen de 45 ans de dérouler le fil de son histoire familiale.

Prof de FLE à l’Alliance française de Bordeaux, Valérie Saubade se glisse délicieusement dans la tête d’un narrateur plutôt marrant.

Il est impossible de lâcher Marche arrière. Comme il est interdit de jeter un œil sur la dernière page avant d’y être parvenu !

Betty RUBY. (www.lepetitjournal.com) jeudi 9 avril 2009

Et qu’on m’emporte, Carole Zalberg, Albin Michel, 131p, 12 €

Le meilleur reste à venir, Sefi Atta (traduit de l’anglais par Charlotte Woillez), Actes Sud, 430p, 23€

Marche arrière, Valérie Saubade, Anne Carrière, 243p, 18 €

Arnaud Huber à propos d'Et qu'on m'emporte

Quoique me risquant depuis quelques temps à tutoyer la vocation d’auteur, je reste un simple lecteur. Pas un grand lecteur. Je lis peu, car très lentement. Mais un lecteur que les mots, les beaux, les forts, les purs, emportent aisément. C’est ce qu’il m’est arrivé à la lecture du dernier, beau, fort et pur, roman de Carole Zalberg. Coïncidemment titré « Et qu’on m’emporte ».

Je ne vais pas m’étendre sur le fond. D’autres que moi s’en sont acquittés. Mieux que je ne saurais le faire. Ce qui m’impressionne par dessus tout chez Carole, c’est la forme. La force tranquille, pardonnez cette déjà désuète référence, de son style. Sa capacité à dire tout avec si peu. A manier l’ellipse comme un peintre manie le clair-obscur. A raconter une histoire par petites touches. Sans qu’aucun des traits, des aplats, des couleurs, des ombres qu’elle choisit de combiner ne paraisse de trop. Carole Zalberg ne cherche pas le joli mot, elle cherche le mot juste, celui qui traduira le plus précisément l’émotion qu’elle souhaite faire passer. Et ça fonctionne du feu de Dieu.

Dès les premières pages du roman, on sait ce qu’il va advenir de son personnage principal, Emma, mère indigne qui s’assume comme telle. Mais on ne sait pas encore de quelle manière Carole Zalberg va nous le faire ressentir.

C’est un peu comme d’écouter pour la première fois un morceau de rock progressif. On sait pertinemment que chaque note, chaque instrument, chaque progression d’accord tend vers un instant d’explosion qui ne durera peut-être que quelques secondes mais qui nous arrachera malgré tout mille frissons.

Lorsque cet instant arrive, dans le roman de Carole, ses mots prennent une dimension émotionnelle qu’il est en effet plus facile de rencontrer en musique qu’en littérature.

C’est suffisamment rare, trop rare même, pour mériter d’être lu, vécu, aimé, partagé.

Merci Carole…

Arnaud Huber

Article publié le 24 03 09

Anne-Laure Bovéron à propos d'Et qu'on m'emporte

A lire sur l’excellent site www.culturecie.com

L’article d’Anne-Laure Bovéron sur Et qu’on m’emporte :

A la une

Dans cet audacieux deuxième volet de sa trilogie des « Tombeaux » intitulé « Et qu’on m’emporte », Carole Zalberg donne la parole à une mère qui ne l’a jamais vraiment été. Elle explore sous un nouvel angle la maternité, les liens mère – fille, les héritages générationnels. Un roman singulier, emporté et touchant, aux allures de tragédie grecque. Et en lice pour le Prix des Lilas 2009…

L’esquisse…

La crainte de ne pas être une bonne mère est une réelle angoisse pour bien des femmes. Pour Emma, la question ne s’est jamais posée. Elle en a parfaitement conscience : elle est et a été une mauvaise mère. Surtout pour sa première fille, Sabine, l’enfant disparue, échouée. Elle ne le renie pas. Pas plus qu’elle ne demande réellement pardon ou s’en excuse. Au seuil de sa propre mort, elle s’en explique dans un monologue offert à sa défunte fille. Des constats qu’elle dresse, Emma comprend en partie les raisons de son indifférence face à ses enfants, face à son aînée.
Avant d’être mère, elle est femme. Elle a toujours voulu être libre d’abuser de tous les plaisirs que sa condition, son époque et son corps lui offraient, quitte à façonner son avenir sans la contrainte des enfants à veiller, à élever, à aimer. Elle n’a pas eu envie de se sacrifier pour eux. Elle avait une vie à mener.

Si elle assume tous ses choix, son absence de sentiments pour certains de ses enfants (ceux de son premier mariage) et le déséquilibre de l’amour existant pour son cadet, elle imagine malgré tout, par instants, sur son lit de gisante, comment les choses auraient pu se dérouler si tout avait été différent. Quelle aurait été sa vie, si elle s’était soumise aux règles tacites du quotidien rangé d’une femme au foyer, par exemple ?
En de longs monologues, dans lesquels elle ne mâche pas ses mots, ne déguise pas ses sentiments passés et présents, Emma fait revivre sa silencieuse fille. La sauve autant qu’elle la perd. Elle ne pourra jamais la rattraper. Elle aura été cette mauvaise mère là, ainsi soit-il.

La critique [déroutée] d’A-Laure Bovéron…

La force de ce roman, c’est le trouble qu’il jette. Que penser de cette femme ? Est-elle coupable d’avoir délaissé ses enfants, et notamment sa première née qui a sombré dans l’alcool et la drogue ? Ou est-elle simplement humaine, et donc victime – si l’on peut dire – de sa condition ? Est-elle condamnable de n’avoir aimé son enfant ? Blâmable d’avoir voulu vivre pleinement et sans lest ? Peut-on l’excuser au nom de sa détermination à vivre, à se sentir vivante ? Elle fuyait l’amour de peur d’en mourir, puisqu’elle ne voulait qu’une chose : vivre. En est-elle incriminable ? Ou est-elle victime de son désir de liberté, de vie, de plaisirs, d’indépendance ? Pas facile de trancher…
Emma se révèle attendrissante. Cette femme que la morale désigne comme indigne, ne cherche pas l’absolution. Ne la reçoit pas non plus. Et cela contribue à la beauté et à l’intensité du roman. Elle se raccroche à des petits riens, à un caillou rose, pour tenter de rendre justice à qui de droit. Pourtant, il y a quelque chose « du combat perdu d’avance » dans cette histoire. Et ce, dès les premiers mots, puisque la seule personne qui aurait pu absoudre Emma de ses fautes est décédée depuis des années. Sabine n’est plus là pour donner la réplique à sa mère qui dirige l’accusation et la défense, dans un procès dont elle est l’unique instigatrice. Mais cette lutte avec le fantôme de l’enfant sacrifiée était de toute évidence à mener. Emma relève ici une autre facette de son courage. Elle se bat contre des moulins à vent, en sachant qu’elle y laissera des plumes, sans rien récolter. Pas même sa tranquillité d’âme. Plus rien n’est rattrapable.

Autres qualités de ce roman, son humanisme et son courage. Courage de Carole Zalberg, d’avoir créé un tel personnage, allant plus loin encore dans l’exploration du tabou que ne l’avait fait,par exemple, Eliette Abécassis avec « Un Heureux événement ». Courage d’Emma aussi, de vivre envers et contre tout, contre son enfant, sa vie de femme, de l’endosser jusqu’au bout. La protagoniste a du cran et l’audace de ne pas rentrer dans les cases, de rester fidèle à ses envies, d’avoir toujours été sa priorité. C’est contestable. C’est admirable. Emma est un personnage fort, parce qu’à contre-courant de la banale héroïne sans reproches, et parce qu’elle le revendique. Cette mère par défaut reconnaît certes ses erreurs mais a surtout l’honnêteté de ne pas prétendre, au seuil de sa disparition, avoir fait de son mieux. Elle assume, sans tenter de se dédouaner.
Il est évidemment question des liens maternels. Certaines mères, pour parer à la terreur d’être un jour, par malheur, orpheline de leurs enfants, resserrent le joug. Les couvent à outrance. D’autres lâchent les rennes. Se désintéressent d’eux pour n’être affectées de rien. Tout est question de camp à choisir. De sensibilité aussi. Et de choix à soutenir. Emma ne fait pas dans la demi-mesure. Elle incarne l’instinct maternel de son apogée à sa disparition.
Les thèmes des héritages familiaux et plus encore, de la transmission entre femmes, jonchent aussi cet ouvrage, puisque dans « Et qu’on m’emporte », Emma dissèque trois générations : sa mère, elle-même, sa fille Sabine et évoque une quatrième lignée, sa petite fille Fleur (l’héroïne du précédent roman de Carole Zalberg « La mère horizontale »).

Quant à l’écriture, que dire ? Aiguisée, franche, parfois poignante, cruelle, parfois bouleversante, lyrique, exempte de fioritures. En deux mots, belle et efficace.

Bon à savoir…

« Et qu’on m’emporte » est le second volet de la Trilogie des « Tombeaux » débutée avec «  La Mère horizontale » (2007, aux éditions Albin Michel). Mais il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier tome pour aimer et comprendre le dernier paru. Et en même temps pourquoi se priver de «  La Mère horizontale » (l’histoire de Sabine contée par sa fille, Fleur) qui est également un bon roman ?! (lien Amazon)

DOSSIER CAROLE ZALBERG SUR CULTURECIE…

Carole Zalberg, le coup de coeur d’Amélie Nothomb

Le coup de coeur de Carole Zalberg : « Un Dieu un animal » de Jérôme Ferrari [dossier de l’été 2009, « les écrivains livrent CultureCie »]