Vous avez été nombreux à mettre de magnifiques mots sur mes mots. Jugez plutôt :
A propos de L’invention du désir
Qu’on l’ait connue ou non, L’invention du désir dit la violence et la beauté tragique d’une passion adultérine. De cette parenthèse volée à la « vraie vie », Carole Zalberg dit toute l’intensité dans une langue magnifique aux images inouïes, faisant naître une émotion chargée de tension érotique qui force le respect. Voici un très court moment d’amour.
Librairie des Cordeliers à Romans
C’était très troublant de lire ton livre, ce que tu écris rend exactement le début d’une histoire, ce moment, d’excitation intense, de fièvre, de perte de soi dans l’autre (et de retrouvailles avec un soi transformé, heureusement transformé). C’est poétique et juste, sensible, ça fait presque mal de le lire (douleur sourde, étrange), tellement c’est cela, j’ai plusieurs fois eu besoin de le reposer.
Très beau livre. J’espère qu’il va avoir une belle vie.
Martin Page (dernier ouvrage paru La mauvaise habitude d’être soi)
(…) c’est magnifique! Le titre est sublime et le texte est à l’image du titre. Moi qui ai beaucoup de problèmes avec les mots crus en littérature, je n’en ai trouvé aucun dans ta prose pourtant brûlante. Merci de montrer la splendeur du désir sans jamais l’abaisser. Merci, aussi, d’être aussi convaincante. Rien de plus désolant qu’un texte se voulant érotique et ne l’étant pas. C’est le contraire du tien : ton texte se veut parole vraie et est érotique.
Rimbaud a raison, l’amour est à inventer. Quant au désir, sa situation littéraire est encore plus pauvre. Merci de l’avoir inventé!
ps : j’aime aussi le caractère profondément civilisé de cette histoire. Ce n’est pas une tromperie.
Amélie Nothomb
A propos de Et qu’on m’emporte
J’ai fini ton livre hier soir, quelle force, quelle musicalité ce monologue! Quelle tension aussi dans cette épure qui accède au plus profond, au plus douloureux, l’indicible, comme seuls les authentiques écrivains ou les comédiens l’éprouvent, l’expriment, eux dont c’est le rude job de franchir les lignes, de passer au-delà du miroir des apparences, des émotions. Un véritable personnage de tragédie, cette femme. Mais la mort annoncée vaut bien une telle tension, une aussi violente introspection!
Francis Kochert
Je l’ai lu… En fait, je l’ai même terminé il y a une semaine. Au milieu de ma lecture, déjà, je voulais t’envoyer un mail. Je l’ai écrit dans ma tête et je me suis arrêtée là. A la fin de ma lecture, je t’en ai écrit un autre, mais qui lui aussi est resté entre mes oreilles. Alors voilà, cette fois, je te le fais partager (pas trop tôt). J’ai trouvé ton texte magnifique, fort, juste, prenant, douloureux, méchant, tendre, triste, mordant. Cette femme odieuse, on n’a pas envie de l’excuser parce qu’elle est en train de mourir. Elle est dure et cynique et pourtant (par quel miracle réussis-tu ce tour de magie?), elle est humaine. Elle est une part de nous. La part que l’on refuse de regarder et de s’avouer. Jamais tu ne tombes dans le pathos, chaque page nous entraîne un peu plus profondément dans les entrailles de cette femme détestable, incroyablement lucide et sincère et si humaine. Elle était là avec moi, couchée près de moi, je sentais presque sa peau froide contre la mienne et c’est elle qui murmurait les mots à mon oreille. Par une coincidence étrange, mon fils doit lire pour le collège, le livre de ma mère et pour pouvoir en discuter avec lui, je le relis en ce moment même, l’antithèse de ton roman. Ta mère est vraie, elle existe, elle est là, tout autant que la sienne. Pour tout dire, tu l’auras compris, ce roman porte magnifiquement son titre : il m’a emportée.
Amélie Sarn (dernier ouvrage paru : Mon papa flingueur)
J’ai lu ton magnifique Et qu’on m’emporte. Ce livre, comme tu l’auras deviné, m’a énormément plu. Il est puissant, violent, incarné. Le passage de la mort de la fille d’Emma est si fort (la voix « rauque et pulvérisée »). Et ce que dit Emma du secret des femmes « quelque chose de leurs secrets ne cède jamais ». Je trouve ton écriture viscérale et elle m’a vraiment emportée !
Véronique Ovaldé (dernier ouvrage paru : Mon cœur transparent)
Bravo pour ton livre ( un chant), ton écriture de dentelière, ta cruauté tendre et ton émotion brute.
Bessora (dernier ouvrage paru : Et si Dieu me demande, dites-lui que je dors)
J’ai emmené votre petit dernier à la montagne, dans une neige abondante et donc particulièrement blanche. Je l’aime énormément, le livre et la femme qui se livre, se délivre, fouille et fait les comptes et rend des comptes. J’ai lu avec attention la lettre d’Amélie Nothomb, que je m’étais réservée pour l’aval de ma propre lecture, une belle lettre. C’est émouvant de pouvoir la découvrir manuscrite. J’ai aimé ressentir le retour de la mère horizontale comme si je l’avais lue hier. Et des passerelles, une toile qui se tisse entre les livres. Des choses que l’on lit aujourd’hui que l’on pressentais hier. J’ai aimé l’histoire individuelle, l’histoire de famille, l’histoire sociale aussi car tout se mélange, et on entend bien la voix de cette femme, la voix de la femme qui s’affirme, qui s’assume, qui en prend le risque et en regarde le prix à la fin de sa vie. Une voix qui nous permet d’être ce que nous sommes aujourd’hui. J’ai aimé la tonalité que vous avez choisie, celle que vous avez laissée venir, qui nous permet de la comprendre sans la juger à aucun moment. Emma est suffisamment dure avec elle-même, elle ne cesse d’être dure avec les siens, tout en lâchant de temps en temps au détour d’une brèche dans les mots, une profonde tendresse. J’ai adoré les intermèdes. Poule et Poulet.
Nathalie Borderies
Cette histoire absolument terrible m’a fait frissonner du début à la fin, peut-être parce qu’elle touche en nous des points si cruciaux, la peur, toujours, de ne pas assez aimer, la peur de perdre l’autre avant d’avoir dit ce qu’on avait à dire, car les mots d’amour mille fois répétés soulignent leur propre insuffisance. Bref, j’ai été très sensible à ce texte, et traiter du mal d’amour avec cette force relève de la virtuosité. Finalement, dans ton roman, c’est la pierre qui est le coeur qui bat, ce caillou rose, tendre comme le souvenir, et dur comme l’amour incommunicable. Bravo, et maintenant, j’attends d’avoir la version de Fleur, celle qui, sans doute, me touchera le plus.
Nathalie Kuperman (dernier ouvrage paru : Petit déjeuner avec Mick Jagger)
Je termine à l’instant Et qu’on m’emporte.
Je suis chamboulé, c’est un chant bouleversant de douleur et de raison. Je ne sors pas indemne de cette lecture, encore moins qu’avec La mère horizontale.
J’ai l’impression d’une réhabilitation de l’humanité défectueuse. Une bienveillance intelligente à l’égard de l’animalité qui est en nous. Tu dévisses l’appareil à conformités, tu l’envoies en travers de la gorge et du coeur des bien-pensants, des vertueux que nous tentons souvent de paraître pour nous contenter ou nous rassurer, pour nous apaiser peut-être dans les rendez-vous avec nous même. J’ai beaucoup d’admiration pour ta grande sagesse et ton courage à mettre, il me semble, tout ce qui est humain dans une même ronde fatale, souvent insensée. Un des préceptes du judaïsme est d’entretenir la mémoire. Si j’étais religieux, ou philosophe, je serais tenté de dire que tu accomplis à travers tes livres une grande “Mitzvah” une “Bonne Action” mais j’ai l’impression que ta quête est plus spirituelle encore que l’obéissance à des préceptes religieux ou philosophiques.
Eric Slabiak, musicien, fondateur avec son frère Olivier, du groupe Les Yeux Noirs
Chère Carole,
J’ai lu ton livre avec une émotion profonde. Ensuite, j’y ai beaucoup pensé.
Hier, dans une illumination, il m’est apparu que tu avais écrit le roman de Clytemnestre. Nul ne s’est jamais intéressé à ce personnage peu aimé, nul ne lui avait consacré de livre : c’est chose faite. Mutatis mutandis : aujourd’hui, une épouse n’a plus besoin de commander à son amant de tuer son mari pour se débarrasser de ce dernier. C’est la Clytemnestre de l’ère du divorce. Les enfants sacrifiés sur l’autel, cette fois, du peu d’intérêt que leur mère éprouve à leur endroit : il ne sera pas nécessaire d’immoler Iphigénie, elle s’en chargera elle-même à l’aide de drogues et d’alcools.
Mon explication a le mérite de rendre compte d’un autre phénomène : ce qui t’attache, après plus d’un livre, à cette singulière lignée, est une obsession tragique. Cette famille, ce sont les Atrides.
Bravo d’avoir montré une Clytemnestre, sinon sympathique, au moins humaine. Il était temps de lui rendre cette justice : cette femme n’est pas une criminelle mais une mère de peu de cœur. Tu lui rends son humanité et pour cette raison tu ne la gracies pas : elle mourra avec le poids de son erreur, symbolisé par la pierre manquante.
L’écriture est très belle et correspond à ce que l’on attend d’un grand personnage de tragédie. Comme dans un cycle tragique, on part du principe que le public sait.
Avis à ceux qui ne connaîtraient pas La Mère horizontale : heureusement cette faute est réparable chers lecteurs.
Merci pour ce livre courageux.
Amélie Nothomb
Ps : mon passage préféré : son enthousiasme des départs au travail. Elle a beau savoir que peu de surprises l’y attendent, elle aime partir le matin pour ce lieu autre, ne pouvant s’empêcher d’espérer quelque chose. C’est le moment où j’ai trouvé ce personnage le plus émouvant.
A propos de La mère horizontale
Tiens donc. Il y a dans cette écriture quelque chose de vaguement « goûtu » qui me fait lever le nez du livre (comme la musique fait sa pause), tandis que j’essaie de déchiffrer sa saveur comme si les mots appartenaient au domaine confus des odeurs, pour lequel nous sommes si peu doués que nous tâtonnons dans les ténèbres de la pensée. Est-ce fruité ? Un peu amer ? J’identifie alors une première composante, très nette : la voix de la lectrice, par qui j’ai tout d’abord entendu ces cadences. Cette voix ne lâchera jamais C. Zalberg, c’est maintenant impensable : les accents ingénus et complices, suaves et cyniques d’une voix bien particulière lui sont attachés pour toujours, en ce qui me concerne. C’est ça, une lecture : un contexte aussi, et des circonstances. Mais cette voix qui persiste s’incruste car elle a servi en experte la tonalité des phrases qu’elle révèle même après s’être tue. Qu’y a-t-il dans ce plat, bon sang, de familier et si particulier ? Le parfum d’une innocence, oui, avec un soupçon d’infinie distance. L’un est de l’enfance, l’autre d’extrême vieillesse et désabusement — qu’il y ait pardon ou non. L’entremêlement donne un monstre sensoriel du genre sucré salé – saveur des plus ardues à définir. On dirait une âme vieille avec un cœur de môme. Une maturité qui n’oublie rien des failles sur lesquelles elle s’est érigée, qui sait que la famille est une prison et qu’il n’y a de ce déterminisme d’évasion que par la pensée – quitte à refaçonner sa vie comme l’on peut à cette lumière… S’il y a méchanceté, c’est celle du hasard, ou celle que l’on a eu jadis : celle de l’enfant quand il rejette, celle de l’aïeule quand elle radote. S’il y a tendresse, elle est soit perdue soit blessée, mais elle s’accroche : celle de l’enfant qui croit toujours, celle du vieillard devenu nostalgique. Au milieu l’âge adulte accompli, qui serait lucide et fort et si fier de son libre arbitre, n’apparaît comme une rémission possible qu’au travers de la narratrice. Problématique qui conduit droit aux tréfonds du livre, ce méli-mélo intergénérationnel. Une mère horizontale pour une écriture verticale, tissant au petit bonheur des réminiscences les malheurs d’une famille brouillée où les mères le sont si peu, où les pères s’absentent comme des images d’ancêtres effarouchés, où les filles pour finir sont mères d’engendrer la répétition des partitions insolubles de l’enfance. Dans ce brouillage l’écriture ambiguë et instable de l’auteure est la seule obstination à trouver une rédemption, une compréhension, une issue. Un fil qui permet de sortir de nos labyrinthes… Ariane en muse de l’écriture… Or le monstre que l’on a traqué à chaque page, qu’est-il d’autre que notre cœur d’enfant ?
Bérénice Baranger
Cette promenade qui part, revient, retourne pour raconter l’histoire de ces trois femmes est tenue par les rênes de ton écriture dense et précise, bouleversante sans jamais être larmoyante (même si j’ai pleuré !), et vraiment, tu as accompli une véritable oeuvre littéraire sur la filiation et la fêlure. C’est un très beau livre qui rencontrera des humains, beaucoup d’humains, et je lui prédis un bel avenir.
Merci pour « La mère horizontale » que je viens de relire avec une émotion profonde.Tout sonne juste dans ce roman horrible et bouleversant mais jamais désespéré. Au cours de cette odyssée de la maternité, on se sent sauvé par des moments de grâce : l’épisode littéralement merveilleux de la présentation de Fleur à Caroline, mais aussi des scènes paradoxalement exquises d’intimité animale entre la maman alcoolique et la petite fille qui s’en accommode. Pour être capable d’atteindre d’aussi surprenantes nuances dans ce qui pourrait n’être qu’abjection, il faut créer un art : tu as créé le tien. Bravo. On s’en veut d’être hanté par une question : d’où te vient cette histoire ? A toi de répondre ou non. On croit en l’existence de Fleur. On aimerait la rencontrer.
« Déjà j’aime beaucoup le titre. Qui évoque aussi l’horizon, la terre mère… J’admire les ellipses, les fines pointes d’humour, les piques qui n’ont l’air de rien, le lyrisme discret, la silhouette furtive mais bien dessinée de l’Histoire. C’est parfait. »
Bravo, ma chère Carole, pour cette histoire conçue en escalier. Durant tout le livre, j’ai eu la sensation que tu te penchais sur ce qui n’a pas été dit mais simplement aperçu par les autres. J’aime avec quelle attention précise tu décris les vibrations émotionnelles de tes personnages. L’alternance passé-présent est finement élaborée ( tu as eu raison de réserver la première personne à un seul personnage qui devient du coup central:j’aime particulièrement sa voix, à Fleur). Il y a toujours l’angoisse en arrière plan liée à la présence de cette mère alcoolique, et c’est ce qui rend la fin réussie : la fin c’est le début de sa plongée dans l’alcoolisme. Tes images sont belles :celle du cocon pour parler de la graisse, et le visage en perpetuelle « explosion » de Sabine qui vient de se coiffer à l’afro. Surtout, bravo pour le ton d’une indiscutable justesse, ton écriture est attentive à tout (comme toi). C’est pour ça que je la vois comme un « souffle chaud ». Qu’on en parle de ce livre !
Qui est frederique ? simple curiosité ….
Ma meilleure amie. Ma sœur d’élection…
Superbe chanson , merci pour votre talent .
Superbe chanson ! Merci pour votre talent .
Bonjour, deux mots à la volée en pleine lecture de A défaut d’Amérique (difficile, depuis 2 jours, d’en décoller). D’habitude peu fan de romans, je n’ai rien lu qui m’accroche autant depuis Milo, de David Bosc (lui aussi traducteur, tiens). Heureusement, je vois que vous avez plein d’autres titres… Bon, j’y retourne. Merci!
Sincèrement comblée par vos mots, chère Myrto. A bientôt, ici, sur FB, ou dans la vie réelle.