Une réaction poético/philosophique de Iannis Pledel

(à propos de Chez Eux)

Dieu est mort,

Ainsi,

Dieu est mort, pourrait être l’épitaphe de cette triste période…historique, aimerait-on rajouter…aimerait-on…n’est-ce pas ?

Mais, aimerait-on ? Oui sans aucun doute, toujours. Ni mort ni abandon ne souffriront le déclin des doux leurres de l’amour. Quand le paradoxe d’une phrase est à double tranchant comme celle-ci.

Le livre de Carole est ainsi…au fil du rasoir…entre joie et peine, entre pleurs et rires…mais léger, véritablement, comme une petite fleur aux pétales de verres qui flotte aux vents mais jamais ne se brise.

Si tu pleures de joie, ne sèche pas tes larmes : tu les voles à la douleur,

Ainsi parlait Toulet.

« Il prit la petite contre lui et la garda serrée jusqu’à ce qu’elle n’eût plus la moindre larme à verser. Alors elle put relever la tête et lui sourire. »

Le Temps est toujours présent…au fil de la plume…

La bêtise est souvent un ornement de la beauté,

Ainsi parlait Baudelaire.

« C’est une honte ce qu’ils vous font, crache-t-elle. Puis l’agitation comme une marée se retire et ne revient plus. Anna comprend qu’elle ne doit rien dire. Juste savourer cette étrange joie qui soudain la submerge. »

L’Ombre omniprésente, le verbe est acéré prêt à tomber sur n’importe quelle phrase…au fil du fleuret…

Je n’admire jamais tant la beauté que lorsqu’elle ne sait plus qu’elle est belle,

Ainsi parlait Gide.

« Si Mamma avait pu la voir, sa princesse, à ce moment-là : maigre, les plis et les creux charbonneux dans une nudité à vif tant s’accumulait les petites plaies jamais soignées et les lésions suintantes d’avoir été grattées »

Et la lumière peu à peu d’éclairer son chez soi…ô toi lecteur.

Les femmes réalisent la beauté sans la comprendre,

Ainsi parlait Proust.

Cette citation pourrait paraître misogyne comme ce roman pourrait paraître historicisant, voire larmoyant, tel n’est pas le cas, tout est affaire d’écriture, d’équilibre, au fil de…nous l’avons dit, nous ne le répèterons pas assez… le texte effleure et pénètre…il chatouille et pique… Potelées d’avant ce long voyage, les petites mains roses serrées l’une contre l’autre de la toute petite Anna s’entrouvrent, elle nous les tend, on y jette un œil, on y aperçoit une feuille d’ortie. Insouciante, elle ne sait pas encore que sur notre sourire il faut y lire la beauté de son geste, si pur, si simple, incarnata. Carole, elle, l’a bien saisi.

Iannis Pledel

Le 18 mars 2004