Critique – Alessandra Falco (le site du GREC)

A propos de La Mère horizontale sur le blog du GREC

Carole Zalberg, La mère horizontale, Paris, Albin Michel, 2008.
C’est l’histoire d’une fille et de ses mères, un regard vers un passé d’absences et de corps horizontaux, brisés après de faux envols , devenus terre fragile et sèche qui ne peut se livrer à aucun fleur, qui ne peut plus nourrir sa Fleur. Fleur qui contemple, du haut de ses années d’enfant, la beauté de cette vie égarée et muette, faite de mots bancals et de fragments de regards qui demandent à être recomposés.
Un roman qui entrelace passé et présent, qui mêle les voix diverses d’une souffrance qui ne s’est pas arrêtée et qui veut se dire, qui veut tracer des coordonnées légères à partir de ce corps horizontal qui s’est fait carte, carte sur laquelle se situer, sur laquelle dessiner son propre parcours nouveau. Libre de la culpabilité de ne pouvoir rien faire pour changer le sens des choses, de n’être qu’une gamine, puis presque une mère, libre de cet amour fort et effrayant qui n’a pas de retour et qui pèse sur l’âme et sur les gestes quotidiens.
Un essai pour transformer en écriture les chagrins d’une vie afin de les exorciser, pour s’en sortir, finalement, pour replier ces morceaux de fantômes après les avoir longuement toisés sous la lumière d’un soleil aveuglant.
Les mots sont précis, rapides, suivent un rythme à la fois dur et touchant. Aucune phrase n’est criée ni chuchotée, tout est raconté avec le calme réfléchi et conscient de quelqu’un qui s’est trouvé et reconnu, qui a su faire de chaque moment de son histoire un récit. Pour prendre ses distances.

Alessandra Falco

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