Feu pour feu, coup pour coup
Ce livre de Carole Zalberg est la révélation d’une écriture, une écriture concise, dense et poétique. Chaque mot de ce livre est l’écho de celui à suivre, chaque mot a sa place, dans cette densité d’agencement, chaque mot trouve sa nécessité, chaque mot rythme, crée, dévoile les chœurs qui se répondent. Chœur du père tentant de survivre, chœur de l’enfant grandissant sauvage, révoltée, perdue. Une langue magnifique, épurée qui enlace les os, les espoirs et les violences d’un continent. La langue ici sert d’enfantement , ce père dans sa fuite du génocide va devoir devenir mère, donner naissance à un corps fragile, les mots sont peaux, souffrance, espérance, la fuite et le refuge, l’idée d’un continent « blanc » où trouver survie.
L’écriture de Carole Zalberg est ici épurée, épurée jusqu’à l’os, l’os des exils et gagne en densité par l’alternance des temps, des lieux, des moments de vies, l’alternance entre les souvenirs du pays ( pays « où l’on ne serait pas resté vivant » ) et du présent , pays d’accueil, banlieues béton, où se développe l’aigreur puisée dans les non-dits.
Ce livre est d’une tendresse immense, homme-père- enfant, un lieu où conforter sa vision du monde. Carole Zalberg réussit ici un livre rare où chaque mot compte, étape d’un puzzle vers le chaos.
© Charlotte Desmousseaux