A Défaut d’Amérique dans "Page des libraires"

Trois Générations, Trois continents

« A défaut d’Amérique », un beau titre pour un très beau roman. A défaut de vous en résumer (maladroitement) l’histoire (captivante), voici deux bonnes raisons de lire ce texte.

Par Emmanuelle George, Librairie Gwalarn, Lannion

Primo : force est de constater qu’avec carole Zalberg, nous avons affaire à une excellente conteuse. Elle sait rendre captivantes deux ou trois petites histoires de famille qui s’inscrivent dans la grande, celle avec la fameuse majuscule. alors, sur trois générations d’hommes et de femmes (de femmes surtout), mettons le cap sur l’Europe du XXème siècle secouée par deux (ou trois) grandes guerres, faisons un détour par les États-Unis et pourquoi pas l’Afrique, du Sud plus exactement. Avec trois générations, trois continents, des personnages à foison (des fils et des filles de), cela pourrait ressembler dangereusement à un piètre roman de filiation. En 200 pages maîtrisées, il n’en est rien. Avec une construction habile, des jeux de miroirs et deux points de vue narratifs (Fleur, en France, Suzan, aux Etats-Unis) voici un très captivant roman d’exil, de guerre, d’amour, d’engagement, de filiation, d’émancipation. Ni bâclé, ni pesant : un roman d’une justesse rare.

Secundo : force est de constater qu’avec carole Zalberg, nous avons affaire à un auteur qui se soucie des mots, du rythme, du tempo, en un mot, du style ! Une maîtrise qui concourt à renforcer la lumière comme l’ombre de son récit. Quand elle décrit en France une après-guerre « schizophrène », sa prose est lapidaire : « Mais les familles doivent s’arranger des morts. Mais la pensée doit composer avec la dévastation. On peut bien s’étourdir, équiper sa cuisine, faire fortune, fixer son pas sur celui des icônes, les vedettes de cinéma ou du music hall, rien ne fait taire la peur au fond de soi, rien ne colmate les brèches trop profondes, rien vraiment ne console. » Et pourtant, ne vous méprenez pas, ses personnages (passés ou actuels) sont de bons vivants, orgueilleux, volontaires, charmants, charmeurs, querelleurs. Humains! Dont la mémoire jamais ne s’efface pour trouver la force de mieux envisager le présent et l’avenir. En conclusion, lisez ou ne lisez pas ce roman, moi, je m’empresse de découvrir les autres textes de Carole Zalberg.

Le blog de la librairie Gwalarn.

Lu et conseillé par

G. Gimeno, librairie Maupetit, Marseille

J.-B. Hamelin, librairie le Carnet à spirales, Charlieu

L. Pommereul, Librairie Doucet, Le Mans

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