Des réactions de lecteurs à Et qu'on m'emporte

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A propos d’Et qu’on m’emporte

J’ai fini ton livre hier soir, quelle force, quelle musicalité ce monologue! Quelle tension aussi dans cette épure qui accède au plus profond, au plus douloureux, l’indicible, comme seuls les authentiques écrivains ou les comédiens l’éprouvent, l’expriment, eux dont c’est le rude job de franchir les lignes, de passer au-delà du miroir des apparences, des émotions. Un véritable personnage de tragédie, cette femme. Mais la mort annoncée vaut bien une telle tension, une aussi violente introspection!

Francis Kochert

Quoique me risquant depuis quelques temps à tutoyer la vocation d’auteur, je reste un simple lecteur. Pas un grand lecteur. Je lis peu, car très lentement. Mais un lecteur que les mots, les beaux, les forts, les purs, emportent aisément. C’est ce qu’il m’est arrivé à la lecture du dernier, beau, fort et pur, roman de Carole Zalberg. Coïncidemment titré « Et qu’on m’emporte ».

Je ne vais pas m’étendre sur le fond. D’autres que moi s’en sont acquittés. Mieux que je ne saurais le faire. Ce qui m’impressionne par dessus tout chez Carole, c’est la forme. La force tranquille, pardonnez cette déjà désuète référence, de son style. Sa capacité à dire tout avec si peu. A manier l’ellipse comme un peintre manie le clair-obscur. A raconter une histoire par petites touches. Sans qu’aucun des traits, des aplats, des couleurs, des ombres qu’elle choisit de combiner ne paraisse de trop. Carole Zalberg ne cherche pas le joli mot, elle cherche le mot juste, celui qui traduira le plus précisément l’émotion qu’elle souhaite faire passer. Et ça fonctionne du feu de Dieu.

Dès les premières pages du roman, on sait ce qu’il va advenir de son personnage principal, Emma, mère indigne qui s’assume comme telle. Mais on ne sait pas encore de quelle manière Carole Zalberg va nous le faire ressentir.

C’est un peu comme d’écouter pour la première fois un morceau de rock progressif. On sait pertinemment que chaque note, chaque instrument, chaque progression d’accord tend vers un instant d’explosion qui ne durera peut-être que quelques secondes mais qui nous arrachera malgré tout mille frissons.

Lorsque cet instant arrive, dans le roman de Carole, ses mots prennent une dimension émotionnelle qu’il est en effet plus facile de rencontrer en musique qu’en littérature.

C’est suffisamment rare, trop rare même, pour mériter d’être lu, vécu, aimé, partagé.

Merci Carole…

Arnaud Huber

Je l’ai lu… En fait, je l’ai même terminé il y a une semaine. Au milieu de ma lecture, déjà, je voulais t’envoyer un mail. Je l’ai écrit dans ma tête et je me suis arrêtée là. A la fin de ma lecture, je t’en ai écrit un autre, mais qui lui aussi est resté entre mes oreilles. aAors voilà, cette fois, je te le fais partager (pas trop tôt).
J’ai trouvé ton texte magnifique, fort, juste, prenant, douloureux, méchant, tendre, triste, mordant. Cette femme odieuse, on n’a pas envie de l’excuser parce qu’elle est en train de mourir. Elle est dure et cynique et pourtant (par quel miracle réussis-tu ce tour de magie?), elle est humaine. Elle est une part de nous. La part que l’on refuse de regarder et de s’avouer. Jamais tu ne tombes dans le pathos, chaque page nous entraîne un peu plus profondément dans les entrailles de cette femme détestable, incroyablement lucide et sincère et si humaine. Elle était là avec moi, couchée près de moi, je sentais presque sa peau froide contre la mienne et c’est elle qui murmurait les mots à mon oreille.
Par une coincidence étrange, mon fils doit lire pour le collège, le livre de ma mère et pour pouvoir en discuter avec lui, je le relis en ce moment même, l’antithèse de ton roman. Ta mère est vraie, elle existe, elle est là, tout autant que la sienne.
Pour tout dire, tu l’auras compris, ce roman porte magnifiquement son titre : il m’a emportée.

Amélie Sarn (dernier ouvrage paru : Mon papa flingueur)

J’ai lu ton magnifique Et qu’on m’emporte.
Ce livre, comme tu l’auras deviné, m’a énormément plu. Il est puissant, violent, incarné. Le passage de la mort de la fille d’Emma est si fort (la voix « rauque et pulvérisée »). Et ce que dit Emma du secret des femmes « quelque chose de leurs secrets ne cède jamais ». Je trouve ton écriture viscérale et elle m’a vraiment emportée !

Véronique Ovaldé (dernier ouvrage paru : Mon cœur transparent)

Bravo pour ton livre ( un chant), ton écriture de dentelière, ta cruauté tendre et ton émotion brute.

Bessora (dernier ouvrage paru : Et si Dieu me demande, dites-lui que je dors)

J’ai emmené votre petit dernier à la montagne, dans une neige abondante et donc particulièrement blanche. Je l’aime énormément, le livre et la femme qui se livre, se délivre, fouille et fait les comptes et rend des comptes. J’ai lu avec attention la lettre d’Amélie Nothomb, que je m’étais réservée pour l’aval de ma propre lecture, une belle lettre. C’est émouvant de pouvoir la découvrir manuscrite. J’ai aimé ressentir le retour de la mère horizontale comme si je l’avais lue hier. Et des passerelles, une toile qui se tisse entre les livres. Des choses que l’on lit aujourd’hui que l’on pressentais hier. J’ai aimé l’histoire individuelle, l’histoire de famille, l’histoire sociale aussi car tout se mélange, et on entend bien la voix de cette femme, la voix de la femme qui s’affirme, qui s’assume, qui en prend le risque et en regarde le prix à la fin de sa vie. Une voix qui nous permet d’être ce que nous sommes aujourd’hui. J’ai aimé la tonalité que vous avez choisie, celle que vous avez laissée venir, qui nous permet de la comprendre sans la juger à aucun moment. Emma est suffisamment dure avec elle-même, elle ne cesse d’être dure avec les siens, tout en lâchant de temps en temps au détour d’une brèche dans les mots, une profonde tendresse. J’ai adoré les intermèdes. Poule et Poulet.

Nathalie Borderies

Cette histoire absolument terrible m’a fait frissonner du début à la fin, peut-être parce qu’elle touche en nous des points si cruciaux, la peur, toujours, de ne pas assez aimer, la peur de perdre l’autre avant d’avoir dit ce qu’on avait à dire, car les mots d’amour mille fois répétés soulignent leur propre insuffisance. Bref, j’ai été très sensible à ce texte, et traiter du mal d’amour avec cette force relève de la virtuosité.
Finalement, dans ton roman, c’est la pierre qui est le coeur qui bat, ce caillou rose, tendre comme le souvenir, et dur comme l’amour incommunicable.
Bravo, et maintenant, j’attends d’avoir la version de Fleur, celle qui, sans doute, me touchera le plus.

Nathalie Kuperman (dernier ouvrage paru : Petit déjeuner avec Mick Jagger)

Je termine à l’instant Et qu’on m’emporte.

Je suis chamboulé, c’est un chant bouleversant de douleur et de raison. Je ne sors pas indemne de cette lecture, encore moins qu’avec La  mère horizontale.

J’ai l’impression d’une réhabilitation de l’humanité défectueuse. Une  bienveillance intelligente à l’égard de l’animalité qui est en nous.  Tu dévisses l’appareil à conformités, tu l’envoies en travers de la  gorge et du coeur des bien-pensants, des vertueux que nous tentons  souvent de paraître pour nous contenter ou nous rassurer, pour nous
apaiser peut-être dans les rendez-vous avec nous même. J’ai beaucoup d’admiration pour ta grande sagesse et ton courage à  mettre, il me semble, tout ce qui est humain dans une même ronde  fatale, souvent insensée.
Un des préceptes du judaïsme est d’entretenir la mémoire. Si j’étais  religieux, ou philosophe, je serais tenté de dire que tu accomplis à  travers tes livres une grande “Mitzvah” une “Bonne Action” mais j’ai  l’impression que ta quête est plus spirituelle encore que  l’obéissance à des préceptes religieux ou philosophiques.

Eric Slabiak, musicien, fondateur avec son frère Olivier, du groupe Les Yeux Noirs

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