(…) C’est que l’écrivain est l’enfant des personnages. Ses parents, Eliane et André, alias Nush et le playboy, sont en effet de véritables personnages de fiction. Eliane élégante et combative, farouche et libre mais longtemps fascinée par un André plus jeune qu’elle qui se rêve américain, flambe et flamboie, porte beau et n’est pas vraiment le paternel typique de l’époque les voulant autoritaires, affairés et un peu ternes. L’enfant Gilles regarde ces deux-là avec autant d’admiration que d’agacement, par moments, tenu qu’il est de grandir vite et de jouer souvent le rôle du raisonnable, de celui qui tiendra dans les tempêtes. D’autant que grands-parents et famille élargie offrent aussi leur quota d’énergumènes hauts en couleurs, droit sortis des livres que l’auteur dévore dès son plus jeune âge. Il apprend ainsi qu’on peut aduler et plaindre, redouter et protéger. Gilles Leroy est né de ce vivier d’ambiguïté ô combien fertile, a poussé dans ce terreau d’histoires.(…)