Carole Zalberg par Pierrette Fleutiaux

Dans le cadre de la carte blanche

que la BFM de Limoges lui avait confiée, Pierrette Fleutiaux m’a reçue en compagnie de l’admirable Benoîte Groult. Voici sa présentation :

Carole Zalberg a de multiples talents. L’écriture est au centre de ses préoccupations, mais ne la conduit pas à une solitude farouche. Carole aime travailler avec les autres. Elle a une approche généreuse du travail artistique.

Elle participe volontiers à des recueils collectifs comme Le geste et la parole des métiers d’art, paru au Cherche-midi en 2004 à l’initiative du ministère du travail.

Sa sensibilité vibrante et toujours en éveil a suscité l’intérêt des artistes.

De jeunes compositeurs, par exemple, qui ont ainsi mis en musique certaines de ses poésies : Claire Vazart dans un registre classique. Elle-même est parolière, elle écrit des chansons pour divers artistes parmi lesquels Berthier ou Norazia.

Un photographe, Gilbert Brun, a repéré son travail et ils ont mené, via myspace,  un dialogue qu’elle appelle photo-poèmes : une photo et un court poème inspiré très librement par la photo.  Cette forme d’écriture visuelle lui va bien, j’ai moi-même acheté plusieurs de ces photos-poèmes. Donc poète aussi. De ci de là sur son site,  Carole dépose , je cite une critique, de « ces petits poèmes épurés et insaisissables, aux multiples significations. »

Elle écrit actuellement un scénario de film.

Elle est aussi attentive à la littérature de son temps. Elle m’a fait découvrir par exemple la romancière américaine Laura Kasischke, et nous partageons souvent nos enthousiasmes.

Elle écrit des chroniques pour des magazines culturels internet : c’est d’ailleurs ainsi que nous nous sommes rencontrées, j’avais été frappée par sa chronique sur mon roman Les amants imparfaits, je lui ai écrit et … voilà, c’était une vraie rencontre.

Elle reçoit désormais chaque mois à la libraire La Terrasse de Gutenberg à Paris un auteur de son choix.

Carole écrit aussi pour la jeunesse. Elle est la mère de trois jeunes garçons,  ce contact constant avec les jeunes ne pouvait manquer de l’influencer. Signalons Le jour où Lania est partie, Nathan poche, qui a obtenu cette année le grand prix du livre jeunesse de la Société des gens de lettre, et a été sélectionné pour le prix Graines de Lecteurs 2009, le prix Goya 2009 et la Bataille des livres

J’en viens à ses romans adultes. Nous avons eu ici mardi dernier Noëlle Châtelet qui nous a parlé de son intérêt pour tout ce qui touche à la problématique du corps. Or le premier livre de Carole que j’ai lu, Mort et Vie de Lili Riviera, s’attache au corps monstrueux. Le roman est inspiré de la vie de Lolo Ferrari, cette femme aux seins énormes, traités aux hormones, qui se produisait dans des spectacles et qui en est morte. Le livre cependant va bien au-delà du fait divers, et reconstruit une histoire terriblement émouvante, qui éveille des échos chez toutes les femmes.

J’ai lu ensuite Chez eux (chez Phébus),  un roman cette fois inspiré de l’enfance de la propre mère de Carole. C’est l’histoire d’une petite parisienne cachée pendant la guerre chez des fermiers. La fillette fait la douloureuse expérience de la séparation d’avec ses parents, et l’apprentissage d’un milieu radicalement différent de ce qu’elle a connu jusque-là. Au Chambon sur Lignon, ce livre a soulevé beaucoup d’émotions.

J’en viens à la trilogie en cours : La Trilogie des Tombeaux. Carole Zalberg s’intéresse là aux rapports enfant/adulte,  à la maternité, et plus précisément aux femmes qui ont du mal avec la maternité, aux mauvaises mères pour faire bref, et à leurs familles.

Le premier volet, La mère horizontale, chez Albin Michel, a été très remarqué et s’est retrouvé dans la sélection de plusieurs prix. On y voit trois générations de femmes, Emma, Sabine et Fleur. Emma, de la générations 68, égoïste et légère, ne sait pas aimer. Sa fille Sabine, elle, déborde d’amour mais se laisse couler dans la drogue. Fleur, la dernière, s’en sortira, peut-être parce qu’elle aura eu au moins l’amour de sa mère, amour animal, totalement irresponsable, mais amour tout de même . Le deuxième volet, Et qu’on m’emporte, sort le 4 février chez Albin Michel. On revient sur Emma, qui est sur le point de mourir et fait, à sa manière cynique, une sorte de bilan de sa vie,  sa vie de femme et sa vie ratée de mère.

L’écriture : pas d’explication psychologique. On est à la crête étroite entre le dedans des personnages et le dehors. A la fois empathie et distance. L’émotion est cernée finement, contenue par la précision des mots.

Pierrette Fleutiaux

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