Critique sur CritiquesLibres.com

Critique de Léa et les voix

sur CritiquesLibres.com

Par « Miller » le 24 juin 2003

« Déraillement contrôlé, dans le marais »
Avec ce second roman, l’auteure montre ses talents de concertiste, son indéniable capacité à intérioriser ses personnages, au point d’en sortir un son propre à chacun, avec cette capacité d’orchestrer le tout pour en faire une harmonie, donc un style.
Antoine, médecin, vit dans « le marais », selon sa propre expression quand il redevient lucide. Ce n’est pas du quartier de Paris dont il parle, mais c’est ainsi qu’il qualifie lui-même
son état cérébral, car il sombre lentement dans des absences, des troubles cognitifs de plus en plus fréquents, des trous de mémoire (et de vies) liés à des carences diverses, organiques, médicales, certes, mais aussi familiales. «
Comprendrai-je un jour par quel terrible déraillement notre famille autrefois modèle a pu se retrouver réduite à ce pathétique inventaire : un mort intérimaire & Antoine parle ici de lui-même –
son épouse esseulée, un mendiant mystique, une ex-activiste égocentrique et sa fille à la tête pleine de mots. Y-a-t-il quelque chose à comprendre d’ailleurs ? ».
Antoine a trois enfants. Denis, le mendiant errant en Inde. Christine, qui ne vient plus voir son père, ex-activiste et mère de la petite Léa à la tête pleine de mots.
Et enfin Alain qui est malade mental et qui va mourir dans un asile, où jusqu’à sa mort Léa sera presque la seule à lui rendre visite. Elle entretiendra avec l’oncle Alain un monologue, sur une ligne frontière dont nous ne savons plus où est délimité le normal de la folie, tant les normaux du monde nous prouvent chaque jour à travers l’actualité, à quel point ils sont fous et dangereux. Antoine est donc rongé par le remords, parce qu’il a placé Alain, son fils aliéné, un peu vite, il était médecin, il aurait pu nuancer les solutions, mais il avait été trop fier, trop soucieux des apparences, trop lâche.
Quand Carole Zalberg fait parler la petite Léa voilà ce qu’on peut lire : « Je devais avoir 5 ou 6 ans, pas plus …J’avais l’air d’un petit garçon… Un adolescent très pâle avec des airs de chat écorché c’était entiché de moi. Je l’aimais et je n’ai pas aimé plus fort depuis… lorsque je l’apercevais enfin, je courais immédiatement vers lui. C’est l’âge où on peut encore faire ça : montrer qu’on n’était absolument rien avant l’apparition de la personne aimée ». Le cerveau d’Antoine à commencé à perdre du terrain le jour où Léa est née, ainsi, par une sorte de translation, du Papy à la petite-fille, une mémoire passe, une culpabilité aussi, une rédemption, de la haine, de l’amour. Quelques piques bien senties, aussi, comme celle sur certains soixante-huitards ou sur La Famille.
Léa : « J’ai toujours eu l’impression d’être une pièce de puzzle rangée dans la mauvaise boîte ».

source

Critique – Alessandra Falco (le site du GREC)

A propos de La Mère horizontale sur le blog du GREC

Carole Zalberg, La mère horizontale, Paris, Albin Michel, 2008.
C’est l’histoire d’une fille et de ses mères, un regard vers un passé d’absences et de corps horizontaux, brisés après de faux envols , devenus terre fragile et sèche qui ne peut se livrer à aucun fleur, qui ne peut plus nourrir sa Fleur. Fleur qui contemple, du haut de ses années d’enfant, la beauté de cette vie égarée et muette, faite de mots bancals et de fragments de regards qui demandent à être recomposés.
Un roman qui entrelace passé et présent, qui mêle les voix diverses d’une souffrance qui ne s’est pas arrêtée et qui veut se dire, qui veut tracer des coordonnées légères à partir de ce corps horizontal qui s’est fait carte, carte sur laquelle se situer, sur laquelle dessiner son propre parcours nouveau. Libre de la culpabilité de ne pouvoir rien faire pour changer le sens des choses, de n’être qu’une gamine, puis presque une mère, libre de cet amour fort et effrayant qui n’a pas de retour et qui pèse sur l’âme et sur les gestes quotidiens.
Un essai pour transformer en écriture les chagrins d’une vie afin de les exorciser, pour s’en sortir, finalement, pour replier ces morceaux de fantômes après les avoir longuement toisés sous la lumière d’un soleil aveuglant.
Les mots sont précis, rapides, suivent un rythme à la fois dur et touchant. Aucune phrase n’est criée ni chuchotée, tout est raconté avec le calme réfléchi et conscient de quelqu’un qui s’est trouvé et reconnu, qui a su faire de chaque moment de son histoire un récit. Pour prendre ses distances.

Alessandra Falco

Mort et vie de Lili Riviera – Alexandre Moix – Le Mague

Mort et vie de Lilie Riviera

Mort et vie de Lilie Riviera

Les lolos de Lili

par Alexandre Moix

La pire des choses qui soient arrivées dans la vie de Lili, ce sont ses seins. Il est difficile de naître avec du 105 D sans se faire remarquer. Dans les cours de récréation, elle ne passe pas inaperçue. Ses loches suscitent convoitise et branlettes. Railleries. Jurons. Les « aplaties » du collège la traite de salope et les puceaux lui en veulent d’être déjà devenue inaccessible. Le plus grand malheur de Lili, c’est son corps de déesse. Elle a du mal à trimbaler tous les matins sa beauté. Son cul. Ses hanches arrondies dans le bus qui la mène à l’école. Lili aimerait devenir une femme comme les autres. Oui, mais voilà, elle ne le peut pas. Ses seins ont pris trop de place dans sa vie. Ils l’empêchent de s’émanciper.

Elle est prisonnière de sa chair. Le monde entier se soulage sur ses seins sans rien dire. Même son père. Lili n’est pas une fille comme les autres. Elle est tour à tour « Vagin », « Clitoris », « Gros Seins », « esclave-à-maquereau », « fantasme-pour-pervers-solitaires ». Au lit, on ne dort pas « avec » elle, mais « sur » elle. Et pour la baiser, ses petits amis ne lui demandent pas son avis. Lili ne connaît pas le plaisir mais celui des autres. Quand elle trouve du boulot, c’est bien souvent au vestiaire d’un club privé où hôtesse d’accueil. Lili a aussi son fan club : sans-abri, vieux beaux, fous furieux qui lui écrivent quinze lettres de cul par jour…

Normal : Lili ressemble à la jaquette d’un film porno. Le tort de Lili, c’est de ne pas être un boudin. Avec toutes ses heures de vols, elle aimerait être libre comme un oiseau : elle n’est qu’une petite grue qu’on traite comme une chienne.

Lili n’a pas su préserver ses formes. Enfouir ses rondeurs généreuses. Dissimuler ses débordements. Elle s’est offerte aux autres. Toute entière. Avec naïveté. Si son nez se voit comme un nez au milieu de son visage, c’est parce que le monde entier lui dit qu’il faut en changer. C’est pour ça qu’un jour, Lili décide de faire peau neuve. De se transformer. Pommettes, nez, menton, fesses, seins, tout y passe. Lili devient ce qu’elle a toujours voulu être : tout sauf elle-même. Une femme selon les autres. Une Frankenstein pour page centrale de revue porno.

L’écriture de Carole Zalberg est brillante.

Son lyrisme parfaitement maîtrisé ne tombe jamais dans le trop plein de phrases ampoulées. Carole écrit à l’oreille. Ça se sent. Sa note est juste et haut perchée, ses accords sont suaves et sa phrase véhicule une mélodie qu’on retient comme une chanson. Ce « boléro » littéraire regorge de phrases à rendre jaloux n’importe quel auteur : « Lili, que Marc pliait, dépliait, ouvrait et couchait dès que l’envie lui en prenait, s’éloignait des rives de l’enfance » ; « Incapable de quitter Marc franchement, Lili commença par lui fermer ses cuisses pour une durée indéterminée »…

Pour son troisième roman, Carole Zalberg a fait fort. Son livre n’est pas seulement un excellent roman. C’est aussi un scénario digne d’un film de Fassbinder.

Mort et Vie de Lili Riviera, Roman, Phebus, Carole Zalberg (2005)

Source : http://www.lemague.net/dyn/article.php3?id_article=1282

Mort et vie de Lili Riviera – CritiquesLibres.com

Sur CritiquesLibres.com :

Mort et vie de Lili Riviera, de Carole Zalberg

critiqué par Monsieur A., le 31 octobre 2005 ( – 43 ans) :

La note: 9 etoiles

Le coeur de Lili

Un livre qui nous parle de désir, du désir des autres, du désir d’être aimé, du désir charnel aussi suscité par cette Lili Riviera, poupée de chair modelée à coup de bistouri pour devenir une star du porno, la femme « aux plus gros seins du monde ».

L’écriture au scalpel de Carole Zalberg va à l’essentiel pour décrire la grandeur et la chute de cette Lili, un être déchiré par la vie qui devient, à force de vouloir exister, une sorte de monstre de foire…

Un récit maîtrisé de bout en bout, inspiré au départ du sort de la fameuse Lolo Ferrari mais qui nous entraîne sur d’autres chemins, sensibles, qui atteignent la conscience et le coeur de chacun.

« Mort et vie de Lili Riviera » Carole Zalberg – Ed. Phébus, 12 euros.

Lucien – – 55 ans – 2 novembre 2005 :

Les bombes, ça finit par exploser. 9 etoiles

J’ai lu le jour de sa sortie, ce nouveau roman où Carole livre le meilleur d’ellei-même. Impression d’une descente aux enfers ou d’une crucifixion. Si Ella, elle a « ce tout petit supplément d’âme », Lili souffre de l’inverse : un déficit d’âme. Elle, ou plutôt l’environnement qui la produit. Car Carole décrit très bien cette sorte d’horrible déterminisme qui la façonne : famille, « société », ce Marc, âme damnée, ce Cédric qui se brûle lui aussi à la flamme de l’artifice, ce profiteur de Francky, l’abominable docteur Z… Et toujours cette écriture sobre, précise, efficace. L’alternance réussie passé / présent. Tout est joué depuis le début, Lili est déjà morte. L’histoire d’une autopsie, en somme. Un procès verbal. Le mot juste, toujours le mot juste, rien que le mot juste. Et l’émotion s’insinue chez le lecteur, et l’écoeurement, et jusqu’à la culpabilité (en tant que père de deux filles, je me suis vu dans la peau de Bruno, et je n’étais pas fier). J’ai de nouveau songé à Mauriac, et notamment à ce beau titre qu’il disait pouvoir être celui de son œuvre entière : Le désert de l’amour. Oui, l’amour manque à cette femme, à cette mère qui cherche un ersatz en son dieu, à cette famille purement socio-biologique, à ces hommes bouffés par le désir, à cette société plastique… J’ai refermé le livre avec un sentiment de noire tristesse. Petite sœur de Marilyn ? Oui, sans doute, avec autant de souffrance ici que là, autant de distance entre la petite fille et la poupée, entre l’enfant et la putain. Des bombes… et les bombes, ça finit par exploser.


Mort et vie de Lili Riviera – Mariane Spozio – Avoir.Alire

Mort et vie de Lilie Riviera

Mort et vie de Lilie Riviera

Changement de décor avec Carole Zalberg qui s’intéresse à une femme qui a défrayé la chronique en se transformant en objet sexuel chirurgicalement recomposé, aux prothèses mammaires outrageusement siliconées. Évitant tout ce que le sujet pouvait avoir de scabreux, Mort et vie de Lili Riviera suit pas à pas et avec beaucoup de douceur cette femme meurtrie, suppliciée consentante, sans cesse en quête d’amour. Un livre d’une grande force et d’une poésie confondante.

Mariane Spozio

Mort et vie de Lili Riviera – Frédéric Vignale – Le Mague

Mort et vie de Lilie Riviera

Mort et vie de Lilie Riviera

Desseins et mort de Lili Riviera

D’un sujet scabreux, médiatique et polémique à souhait mettant en scène une blonde à forte poitrine siliconée finissant tragiquement, d’un fait divers pathétique en phase avec son époque et ses miroirs aux alouettes, d’un itinéraire d’oubliée de l’amour devenue esclave des désirs putrides et intéressés des hommes, l’écrivain Carole Zalberg réussit à construire un roman aux formes et au fond inhabituels. Une œuvre saisissante qu’on aime pour son esprit et non pour ses pulpeux appâts. Un exercice littéraire très personnel, offrant une vision tendre et cruelle, à la fois distanciée et intimiste, la grandeur illusoire et les décadences d’un personnage en métamorphose et en sursis dans notre époque tourmentée ; Lili Riviera.

Ne cédant à aucune facilité, ni voyeurisme ni encore impudeur, le style élégant de l’écrivain emprunt d’une prose poétique pour le moins anachronique, Carole Zalberg est le scribe magnifique et digne d’un conte moderne qui touchera les garçons comme les filles, un véritable témoignage sociologique et psychologique sur un parcours que la beauté et la finesse de l’écriture fictionnelle rendent parfaitement littéraire avec des passages d’une poésie éblouissante.

« Ses seins énormes flottant bêtement ; non plus des masses chaudes qu’on aurait voulu caresser, masser, soupeser, mais deux ballons perdus dans l’océan satin des draps (…). »

Tout est clairement expliqué dans « l’avertissement de l’auteur » qui, en guise d’incipit, présente l’étrange mais passionnant, pertinent positionnement de l’écrivain face à ce roman incroyablement traité et maîtrisé qu’est « Mort et vie de Lili Riviera ».

En grande sœur, en témoin privilégié, attentif, en portraitiste hors pair, Carole Zalberg a décidé d’être le biographe post mortem d’une femme de passage, d’une comète clignotante, victime d’elle-même et de son lourd déficit affectif.

Véritable caméra embarquée aux tréfonds du cortex d’une femme exhibée, utilisée et condamnée à mort par elle-même et la société, « Mort et vie de Lili Riviera » ne juge pas, ne condamne pas et ne jette pas un vilain regard sur une désespérance qui inspire souvent la moquerie ou le malsain plutôt qu’une compassion respectueuse.

Carole Zalberg signe là, sans aucun doute, son meilleur roman avec cette quatrième irruption réussie en Littérature. L’alibi de Lili, le prétexte mammaire de la monstresse fellinienne permettent à l’auteur de trouver la distance la meilleure pour offrir peut-être son livre le plus sincère, lisible, et se livrer elle-même comme jamais elle n’avait pu le faire avant dans la fiction.

Par un curieux mécanisme, par un troublant mimétisme, Lili apparaît ainsi au fil des pages comme un double de l’écrivain, forcément exagéré, archétypique mais suffisamment proche pour qu’une véritable filiation de cœur s’installe. Lili partage tant de choses avec sa créatrice qu’un filigrane féminin, référentiel, finit par brouiller les cartes (du tendre). Deux jolies blondes du même âge font mémoire commune au nom de l’Art, l’une nourrissant le destin de l’autre sous le regard sculptant du Docteur Z. …comme Zalberg.

Un mythe contemporain revu et sublimé par un grand écrivain. A lire pour ne pas pleurer des « Riviera » de regrets. On vous aura prévenu.

Lire la critique de ce livre par l’écrivain Alexandre Moix

Mort et vie de Lili Riviera, Carole Zalberg , Editions Phébus, 158 pages (2005), 12 euros

par Frédéric Vignale

source : http://www.lemague.net/dyn/article.php3?id_article=1187

Chez Eux – Avis de lecteur sur CritiquesLibres

Chez eux de Carole Zalberg

critiqué par Clarabel, le 30 mars 2004 ( – 33 ans)

La note: 8 etoiles

Un roman écrit avec justesse

Ecrit avec pudeur et sans aucune sensiblerie excessive, Carole Zalberg raconte l’histoire de sa mère. Petite fille, celle-ci (Anna, dans le roman) a quitté la Pologne avec sa mère. « Ce pays dont on ne doit plus parler ».

Elles partent rejoindre la France où se sont déjà réfugiés le père et la soeur aînée. La guerre approche, mais l’auteur l’évoque peu. Juste ses soldats qui parlent allemand et font tressaillir sa mère, cet homme qui débarque un jour dans la classe et demande si des enfants étrangers s’y cachent… Bref, le souci premier de la jeune Anna est de survivre dans cette famille de fermiers un peu bourrus. Car la famille d’Anna s’est séparée, par mesure de sécurité. La petite fille est hébergée dans une ferme où elle grelotte tous les matins en se levant, elle aide à soigner les bêtes et préparer les repas. La petite fille n’est pas malheureuse, juste lucide sur cette séparation, bien consciente que ces événements ont fait d’elle une autre petite fille. Autrefois douce et pleine de grâce, elle se rend compte qu’elle s’est endurcie et que ses rêves sont seulement présents la nuit.

L’histoire de « Chez eux » raconte ces quelques années passées à l’abri de la guerre, chez une famille rude en apparence mais bonne dans le fond. La petite Anna grandit, va à l’école où la jeune et jolie institutrice, Cécile Tournon, la prend sous son aile.

Un roman qui rend hommage, très sobrement, à ces gens qui ont pris le parti d’aider les martyrs de la guerre, de sauver et préserver ces enfants loin de l’innommable. Où l’auteur a aussi voulu parler de l’enfance de sa mère -chose dont tous ces enfants ont été privés durant ces années terribles. Et de lui rendre hommage. Tout simplement.

« Elle disait que son histoire était presque anodine au regard d’autres histoires tellement plus tragiques. Elle disait que ce n’était pas la peine d’y revenir. Mais en fait ma mère avait peur. Elle avait peur. »

Une histoire anodine… 7 etoiles

par Bluewitch – Bruxelles – 30 ans – 23 novembre 2004

Un roman qui se lit comme une ballade en campagne. Tout y est simple et vrai, même si cela ne dure pas très longtemps. Une petite histoire dans la grande, racontée sans dramatisme, sans épanchement pour rester au plus proche d’un quotidien qu’il a fallu comprendre et accepter sans en connaitre la raison.

Le quotidien d’une petite fille qui a froid, qui découvre l’absence de caresses et une autre façon d’exister, de combler les manques. Qui se redécouvre sous d’autres regards.

Le quotidien de gens simples qui ont décidé de cacher quelques épis de blés à la faux de l’Histoire…

Les lignes de ce livre sont emplies de l’amour d’une fille pour sa mère, celle qui écrit, celle qui est écrite… Et tout cela résonne de beauté.

Une enfant entre parenthèses 8 etoiles

par Lucien – – 55 ans – 13 juillet 2004

Tous les Juifs d’Europe doivent avoir le sentiment d’être des miraculés. D’avoir échappé par miracle à « l’Histoire avec sa grande hache ». D’où la volonté de dire cet émerveillement quotidien d’être là quand même, et de rendre hommage à ceux grâce à qui l’on est là.

Dans ce bref récit que l’on a peine à qualifier de « roman » (mais qu’est-ce qu’un roman?), Carole Zalberg rend hommage à sa mère, la petite fille intelligente aux lourds cheveux, aux regards vifs, à cette « Anna de Roanne » qui doit la vie au silence de ses condisciples lors de la visite de l’inspecteur aux affaires juives. Cette « enfant entre parenthèses », cette « enfant au destin en suspens » qui ressent au coeur « la blessure du bonheur perdu, sa vie d’avant ».

Un récit simple qui sonne vrai, dans un style classique, clair, je dirais « mauriacien ». Qui réussit, sobrement, à nous donner ce petit frisson des dernières lignes que recherchent les lecteurs. Ce petit frisson pour quoi nous lisons.

source : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/4918