Dans L'est-éclair à propos d'Et qu'on m'emporte

Paru le 15/02/2009 dans L’est-éclair

 » Je ne sais trop quoi faire de l’idée qu’à coup sûr elle va me survivre . je t’ai survécu. je n’ignore rien de l’horreur que c’est. Même pour moi, qui me figurais ne plus t’aimer, ne plus du tout tenir à toi. J’avais parfaitement vécu sans toi toutes ces années, alors pourquoi aurais-je redouté de t’enterrer purement et simplement? Comment aurais-je pu prévoir que ta maladie puis ta disparition te remettraient, pour ainsi dire, là où tu aurais dû ne jamais cesser d’être? Dans ma chair et mes moindres pensées »

Avec sa mère âgée, Emma n’entretient pas des relations affectueuses. Avec ses enfants, surtout avec sa fille aînée, elle sait qu’elle n’a pas été une bonne mère. Or cette fille est morte et Emma elle-même très malade est au bout du voyage. Reviennent alors une foule de souvenirs.

Emma a croqué dans la vie sans s’occuper de celle des autres. Elle ne regrette rien sinon de ne pas avoir découvert assez tôt tout cet amour qu’elle portait à sa fille. Un amour qui prend le symbole d’un petit caillou rose, réminiscence d’une scène passée et douloureuse jusqu’à l’obsession.

Un roman dur, qui décortique les sentiments sans concession et met ainsi les âmes à nu.

Après La mère horizontale, son dernier roman sélectionné pour différents prix (Lilas, Leclerc, SGDL), Carole Zalberg poursuit son étonnante remontée narrative dans une histoire familiale où les femmes sont incapables d’aimer.

Liliane Mosca