Mort et vie de Lili Riviera – Optimum

Paru dans Optimum, mai 2005

Ballons maudits.

Splendeurs et misères d’une ex-star du porno connue pour ses attributs mammaires hors norme : dans son roman Mort et vie de Lili Riviera (éd. Phébus), Carole Zalberg s’inspire très librement des mésaventures de Lolo Ferrari pour explorer la face cachée de cette créature felliniènne , de son enfance bridée à sa gloire débraillée et sa fin pathétique.

Un bel exercice, pas seulement de style.

Mort et vie de Lili Riviera - presse Optimum, mai 2005

Mort et vie de Lili Riviera - presse Optimum, mai 2005

Mort et vie de Lili Riviera – Marianne Spozio (avoir-alire)

Mort et vie de Lilie Riviera

Mort et vie de Lilie Riviera

Du fait divers au mythe, le roman saisissant de l’outrance et de la quête d’amour.

Quelle femme (quel homme) ne s’est pas posé de questions sur celle qui a défrayé la chronique en se transformant en objet chirurgicalement recomposé, bouche en cul de poule et prothèses mammaires si outrageusement siliconées qu’elles la faisaient ressembler à une de ces Vénus paléolithique de la fécondité ? Quelle rage de se détruire, quelle tragédie personnelle se cachaient-elles derrière ce corps martyrisé ? Loin de toute curiosité morbide ou mal placée, Carole Zalberg s’empare de ce personnage public pour essayer de comprendre. Elle ne connaît quasiment rien d’elle. Elle va lui inventer un nom, une vie. Ou plutôt une mort… lente.

Construit en deux spirales qui se rejoignent et s’éclairent, le roman de Lili Riviera alterne les scènes des derniers jours, sordides et poignantes, et celles qui recréent son enfance et son adolescence. Car tout, toujours, revient aux premières années, à l’amour qu’on a eu ou pas, et après lequel on court sans relâche, quitte à se fourvoyer. Bien sûr, il est rare d’aller aussi loin que Lili dans la détestation de soi. Il est rare de faire appel à des remèdes aussi radicaux pour réparer les blessures originelles. Cependant, le fil est fragile, sur lequel chacun se tient en équilibre, et s’il se rompt…

D’un sujet qui aurait pu être scabreux, Carole Zalberg bannit tout voyeurisee, se coule dans la peau suppliciée de Lili pour écrire au plus près de son modèle. L’empathie, la compassion éclatent à chaque page. Le sort de cette femme, manipulée mais consentante, sa longue descente aux enfers, émeuvent au plus profond des tripes, grâce à la juste distance que l’auteure a su prendre par rapport à son sujet. Une distance ténue, à peine un souffle. L’écriture est resserrée, précise. L’élégance de ton que l’on connaît à Carole Zalberg se double ici de moments d’une intensité poétique confondante. Jamais ne jugeant, encore moins ne condamnant, elle matérialise sous sa plume pleine de tendresse cette recherche obstinée, semblable à un chemin de croix. Et l’on réalise avec effroi que nous sommes tous des Lili en puissance. Force des mots, force de la littérature pour aller à l’universel en partant d’un fait divers cruel. Et construire un tombeau en forme de mythe saisissant à cette femme désespérée qui s’est elle-même immolée sur l’autel de la quête d’amour.

Marianne Spozio

Carole Zalberg, Mort et vie de Lili Riviera, Phébus, 2005, 158 pages, 12 €

source : http://www.avoir-alire.com/article.php3?id_article=6350

Mort et vie de Lili Riviera – Mariane Spozio – Avoir.Alire

Mort et vie de Lilie Riviera

Mort et vie de Lilie Riviera

Changement de décor avec Carole Zalberg qui s’intéresse à une femme qui a défrayé la chronique en se transformant en objet sexuel chirurgicalement recomposé, aux prothèses mammaires outrageusement siliconées. Évitant tout ce que le sujet pouvait avoir de scabreux, Mort et vie de Lili Riviera suit pas à pas et avec beaucoup de douceur cette femme meurtrie, suppliciée consentante, sans cesse en quête d’amour. Un livre d’une grande force et d’une poésie confondante.

Mariane Spozio

Mort et vie de Lili Riviera – Tribune de Genève

Tribune de Genève

Tribune de Genève

Critique parue dans la Tribune de Genève, 09.04.2005, page 35. Rubrique Culture, C ‘ à lire

« Mort et vie de Lili Riviera »

Rien ne fascine davantage les intellectuels que la culture dite populaire. Après d’autres, Carole Zalberg s’est ainsi laissée prendre au mythe de Lolo Ferrari, la femme aux seins en obus, morte dans d’obscures circonstances après un nombre incroyable d’interventions chirurgicales.

Carole aurait pu se livrer à une enquête. Elle a préféré en faire le roman de la petite fille bourgeoise, devenue après bien des péripéties imaginaires une poupée en silicone.

Non chronologique, l’histoire fait alterner l’enfance et l’ascension de Liliane Rivière, dite Lili Riviera, avec le récit de sa chute finale. Vieillie, oubliée, la star des années 80 poursuit une tournée minable en Allemagne, pays mythique du sexe crapoteux. Il lui reste un vieux chat en peluche, les indispensables comprimés pour soigner un dos presque mort et assez d’alcool pour traverser l’existence dans un bain ouaté d’indifférence. Ce n’est plus Lolo Ferrari qui sert ici de référence, mais Lola Montès vue par Max Ophuls.

A petites touches, avec des chapitres très courts, grâce à un vrai sens des mots, Carole Zalberg réussit là un très joli livre. Mort et vie de Lili Riviera confirme le bien qu’on pouvait déjà penser de Chez eux, publié par le même éditeur.

Phébus, 158 pages. (ed)

Mort et vie de Lili Riviera – Frédéric Vignale – Le Mague

Mort et vie de Lilie Riviera

Mort et vie de Lilie Riviera

Desseins et mort de Lili Riviera

D’un sujet scabreux, médiatique et polémique à souhait mettant en scène une blonde à forte poitrine siliconée finissant tragiquement, d’un fait divers pathétique en phase avec son époque et ses miroirs aux alouettes, d’un itinéraire d’oubliée de l’amour devenue esclave des désirs putrides et intéressés des hommes, l’écrivain Carole Zalberg réussit à construire un roman aux formes et au fond inhabituels. Une œuvre saisissante qu’on aime pour son esprit et non pour ses pulpeux appâts. Un exercice littéraire très personnel, offrant une vision tendre et cruelle, à la fois distanciée et intimiste, la grandeur illusoire et les décadences d’un personnage en métamorphose et en sursis dans notre époque tourmentée ; Lili Riviera.

Ne cédant à aucune facilité, ni voyeurisme ni encore impudeur, le style élégant de l’écrivain emprunt d’une prose poétique pour le moins anachronique, Carole Zalberg est le scribe magnifique et digne d’un conte moderne qui touchera les garçons comme les filles, un véritable témoignage sociologique et psychologique sur un parcours que la beauté et la finesse de l’écriture fictionnelle rendent parfaitement littéraire avec des passages d’une poésie éblouissante.

« Ses seins énormes flottant bêtement ; non plus des masses chaudes qu’on aurait voulu caresser, masser, soupeser, mais deux ballons perdus dans l’océan satin des draps (…). »

Tout est clairement expliqué dans « l’avertissement de l’auteur » qui, en guise d’incipit, présente l’étrange mais passionnant, pertinent positionnement de l’écrivain face à ce roman incroyablement traité et maîtrisé qu’est « Mort et vie de Lili Riviera ».

En grande sœur, en témoin privilégié, attentif, en portraitiste hors pair, Carole Zalberg a décidé d’être le biographe post mortem d’une femme de passage, d’une comète clignotante, victime d’elle-même et de son lourd déficit affectif.

Véritable caméra embarquée aux tréfonds du cortex d’une femme exhibée, utilisée et condamnée à mort par elle-même et la société, « Mort et vie de Lili Riviera » ne juge pas, ne condamne pas et ne jette pas un vilain regard sur une désespérance qui inspire souvent la moquerie ou le malsain plutôt qu’une compassion respectueuse.

Carole Zalberg signe là, sans aucun doute, son meilleur roman avec cette quatrième irruption réussie en Littérature. L’alibi de Lili, le prétexte mammaire de la monstresse fellinienne permettent à l’auteur de trouver la distance la meilleure pour offrir peut-être son livre le plus sincère, lisible, et se livrer elle-même comme jamais elle n’avait pu le faire avant dans la fiction.

Par un curieux mécanisme, par un troublant mimétisme, Lili apparaît ainsi au fil des pages comme un double de l’écrivain, forcément exagéré, archétypique mais suffisamment proche pour qu’une véritable filiation de cœur s’installe. Lili partage tant de choses avec sa créatrice qu’un filigrane féminin, référentiel, finit par brouiller les cartes (du tendre). Deux jolies blondes du même âge font mémoire commune au nom de l’Art, l’une nourrissant le destin de l’autre sous le regard sculptant du Docteur Z. …comme Zalberg.

Un mythe contemporain revu et sublimé par un grand écrivain. A lire pour ne pas pleurer des « Riviera » de regrets. On vous aura prévenu.

Lire la critique de ce livre par l’écrivain Alexandre Moix

Mort et vie de Lili Riviera, Carole Zalberg , Editions Phébus, 158 pages (2005), 12 euros

par Frédéric Vignale

source : http://www.lemague.net/dyn/article.php3?id_article=1187