Mort et vie de Lili Riviera – CritiquesLibres.com

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Mort et vie de Lili Riviera, de Carole Zalberg

critiqué par Monsieur A., le 31 octobre 2005 ( – 43 ans) :

La note: 9 etoiles

Le coeur de Lili

Un livre qui nous parle de désir, du désir des autres, du désir d’être aimé, du désir charnel aussi suscité par cette Lili Riviera, poupée de chair modelée à coup de bistouri pour devenir une star du porno, la femme « aux plus gros seins du monde ».

L’écriture au scalpel de Carole Zalberg va à l’essentiel pour décrire la grandeur et la chute de cette Lili, un être déchiré par la vie qui devient, à force de vouloir exister, une sorte de monstre de foire…

Un récit maîtrisé de bout en bout, inspiré au départ du sort de la fameuse Lolo Ferrari mais qui nous entraîne sur d’autres chemins, sensibles, qui atteignent la conscience et le coeur de chacun.

« Mort et vie de Lili Riviera » Carole Zalberg – Ed. Phébus, 12 euros.

Lucien – – 55 ans – 2 novembre 2005 :

Les bombes, ça finit par exploser. 9 etoiles

J’ai lu le jour de sa sortie, ce nouveau roman où Carole livre le meilleur d’ellei-même. Impression d’une descente aux enfers ou d’une crucifixion. Si Ella, elle a « ce tout petit supplément d’âme », Lili souffre de l’inverse : un déficit d’âme. Elle, ou plutôt l’environnement qui la produit. Car Carole décrit très bien cette sorte d’horrible déterminisme qui la façonne : famille, « société », ce Marc, âme damnée, ce Cédric qui se brûle lui aussi à la flamme de l’artifice, ce profiteur de Francky, l’abominable docteur Z… Et toujours cette écriture sobre, précise, efficace. L’alternance réussie passé / présent. Tout est joué depuis le début, Lili est déjà morte. L’histoire d’une autopsie, en somme. Un procès verbal. Le mot juste, toujours le mot juste, rien que le mot juste. Et l’émotion s’insinue chez le lecteur, et l’écoeurement, et jusqu’à la culpabilité (en tant que père de deux filles, je me suis vu dans la peau de Bruno, et je n’étais pas fier). J’ai de nouveau songé à Mauriac, et notamment à ce beau titre qu’il disait pouvoir être celui de son œuvre entière : Le désert de l’amour. Oui, l’amour manque à cette femme, à cette mère qui cherche un ersatz en son dieu, à cette famille purement socio-biologique, à ces hommes bouffés par le désir, à cette société plastique… J’ai refermé le livre avec un sentiment de noire tristesse. Petite sœur de Marilyn ? Oui, sans doute, avec autant de souffrance ici que là, autant de distance entre la petite fille et la poupée, entre l’enfant et la putain. Des bombes… et les bombes, ça finit par exploser.


Mort et vie de Lili Riviera – Frédéric Mairy – avoir alire

Mort et vie de Lilie Riviera

Mort et vie de Lilie Riviera

Étonnante coïncidence quand même, les visages liftés ne décorant pas souvent les trains de mon quotidien. Le sien était planté à deux mètres de moi, déjà un classique : pommettes relevées, lèvres gonflées, nez effilé. Des lunettes noires à grosse monture pour marquer la finesse de ce dernier. Et, pour souligner l’importance du tout, un téléphone portable dernier cri dans lequel elle – la quarantaine ? – faisait tomber des mots chuchotés et apparemment douloureux.

Elle m’a tiré de la lecture de Mort et vie de Lili Riviera, de Carole Zalberg. Un bouquin rempli de sensibilité dans lequel cette belle et chère plume d’aVoir-aLire imagine, avec beaucoup de retenue, la triste existence d’une Lolo Ferrari romancée mais tout autant charcutée. La faute à une enfance meurtrie, à l’indifférence de sa mère, à la haine de son corps – quelles blessures ma voisine a-t-elle voulu soigner ?

Aucune peut-être, ma réflexion tourne court. Je ne vois, dans ces lèvres qui s’agitent, rien de la vie de Lili. A l’empathie, son sac à main griffé « LV » me fait préférer les clichés, confortés par sa descente du train dans la plus bourgeoise des bourgades du coin. Je me fredonne du Romain Didier, me dit qu’elle broie du noir à tout hasard, des fois qu’le noir ça la mincisse. Je reprends ma lecture. Sans doute me faudrait-il un aussi bon roman pour trouver chez ma brève compagne de voyage de quoi m’attendrir un peu.

Frédéric Mairy

source :  http://www.avoir-alire.com/article.php3?id_article=6569