Chez Eux – Avis de lecteur sur CritiquesLibres

Chez eux de Carole Zalberg

critiqué par Clarabel, le 30 mars 2004 ( – 33 ans)

La note: 8 etoiles

Un roman écrit avec justesse

Ecrit avec pudeur et sans aucune sensiblerie excessive, Carole Zalberg raconte l’histoire de sa mère. Petite fille, celle-ci (Anna, dans le roman) a quitté la Pologne avec sa mère. « Ce pays dont on ne doit plus parler ».

Elles partent rejoindre la France où se sont déjà réfugiés le père et la soeur aînée. La guerre approche, mais l’auteur l’évoque peu. Juste ses soldats qui parlent allemand et font tressaillir sa mère, cet homme qui débarque un jour dans la classe et demande si des enfants étrangers s’y cachent… Bref, le souci premier de la jeune Anna est de survivre dans cette famille de fermiers un peu bourrus. Car la famille d’Anna s’est séparée, par mesure de sécurité. La petite fille est hébergée dans une ferme où elle grelotte tous les matins en se levant, elle aide à soigner les bêtes et préparer les repas. La petite fille n’est pas malheureuse, juste lucide sur cette séparation, bien consciente que ces événements ont fait d’elle une autre petite fille. Autrefois douce et pleine de grâce, elle se rend compte qu’elle s’est endurcie et que ses rêves sont seulement présents la nuit.

L’histoire de « Chez eux » raconte ces quelques années passées à l’abri de la guerre, chez une famille rude en apparence mais bonne dans le fond. La petite Anna grandit, va à l’école où la jeune et jolie institutrice, Cécile Tournon, la prend sous son aile.

Un roman qui rend hommage, très sobrement, à ces gens qui ont pris le parti d’aider les martyrs de la guerre, de sauver et préserver ces enfants loin de l’innommable. Où l’auteur a aussi voulu parler de l’enfance de sa mère -chose dont tous ces enfants ont été privés durant ces années terribles. Et de lui rendre hommage. Tout simplement.

« Elle disait que son histoire était presque anodine au regard d’autres histoires tellement plus tragiques. Elle disait que ce n’était pas la peine d’y revenir. Mais en fait ma mère avait peur. Elle avait peur. »

Une histoire anodine… 7 etoiles

par Bluewitch – Bruxelles – 30 ans – 23 novembre 2004

Un roman qui se lit comme une ballade en campagne. Tout y est simple et vrai, même si cela ne dure pas très longtemps. Une petite histoire dans la grande, racontée sans dramatisme, sans épanchement pour rester au plus proche d’un quotidien qu’il a fallu comprendre et accepter sans en connaitre la raison.

Le quotidien d’une petite fille qui a froid, qui découvre l’absence de caresses et une autre façon d’exister, de combler les manques. Qui se redécouvre sous d’autres regards.

Le quotidien de gens simples qui ont décidé de cacher quelques épis de blés à la faux de l’Histoire…

Les lignes de ce livre sont emplies de l’amour d’une fille pour sa mère, celle qui écrit, celle qui est écrite… Et tout cela résonne de beauté.

Une enfant entre parenthèses 8 etoiles

par Lucien – – 55 ans – 13 juillet 2004

Tous les Juifs d’Europe doivent avoir le sentiment d’être des miraculés. D’avoir échappé par miracle à « l’Histoire avec sa grande hache ». D’où la volonté de dire cet émerveillement quotidien d’être là quand même, et de rendre hommage à ceux grâce à qui l’on est là.

Dans ce bref récit que l’on a peine à qualifier de « roman » (mais qu’est-ce qu’un roman?), Carole Zalberg rend hommage à sa mère, la petite fille intelligente aux lourds cheveux, aux regards vifs, à cette « Anna de Roanne » qui doit la vie au silence de ses condisciples lors de la visite de l’inspecteur aux affaires juives. Cette « enfant entre parenthèses », cette « enfant au destin en suspens » qui ressent au coeur « la blessure du bonheur perdu, sa vie d’avant ».

Un récit simple qui sonne vrai, dans un style classique, clair, je dirais « mauriacien ». Qui réussit, sobrement, à nous donner ce petit frisson des dernières lignes que recherchent les lecteurs. Ce petit frisson pour quoi nous lisons.

source : http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/4918

Chez Eux – Tribune de Genève 2004

Paru dans la Tribune de Genève, 28 juin 2004 (page 11)

Carole Zalberg raconte sa mère

Elle est venue de Pologne en 1938. Anna s’est découvert juive avant d’être placée chez des paysans de France profonde, qui ne lui accordent pas un regard. Cécile, l’institutrice, viendra doublement à son aide … Avec Chez eux, Carole Zalberg s’attaque à un exercice périlleux. Même s’il s’agit de l’histoire romancée de sa propre mère, le sujet semble si rebattu que le lecteur aura l’impression de relire au lieu de lire. Joliment tourné, ce bref ouvrage sait heureusement naviguer autour de ces écueils.

Phébus.

Chez Eux – Nathalie Zylberman – Emission Beth-El-Vallée

Lu sur Vallée F. M. 96.6, le dimanche 4 avril 2004

Tout d’abord, je voudrais remercier Carole Zalberg de ce cadeau, car jamais on avait abordé ce thème avec autant de délicatesse et de finesse d’esprit, tout en gardant le côté réel et clair de cette période noire de l’histoire.

L’histoire de la petite Anna aurait pu être celle de milliers d’enfants sur cette planète; enfance dorée auprès des parents et souvenirs dans le grenier des grands-parents; mais la vie en cette période difficile l’a entraînée vers des lieux très éloignés de chez elle, vers une vie cruelle et chargée de conséquences.

Elle quitte la Pologne avec sa mère et arrive en France pour rejoindre son père et sa grande soeur, elle va découvrir les horreurs du monde avec ses yeux d’enfant fragilisée et impuissante devant tant de haine.

Anna sera séparée de sa mère, elle partira « chez eux », des inconnus qui deviendront sa nouvelle famille. Elle devra se taire et apprendre une nouvelle vie, des nouvelles règles et reconstruire un petit monde à elle sur des bases différentes. Anna va rencontrer sur son passage des êtres adorables, comme Melle Tournon, qui vont l’aider à surmonter toutes ces épreuves.

Un jour, viendra dans la classe un homme qui demandera s’il n’y a pas d’étrangers, c’est-à-dire des juifs; elle passera l’examen…

Un beau livre sur une enfance tronquée, assassinée et tendue. L’auteur nous entraîne dans l’histoire de sa mère qui, vivant une période sombre de son existence a toujours scandé au monde que son histoire était anodine et qu’il ne fallait pas revenir dessus. L’auteur avec beaucoup de franchise et de clarté, nous rappelle que la vie de chacun n’est pas anodine et qu’elle mérite sa place dans l’Histoire.

Nathalie Zylberman

Emission Beth-El-Vallée